Un FIEF de PATAPHYSIQUE APPLIQUÉE
par Florent Veilleux
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Ébauche d’un projet de Centre du dérisoire et de l’absurde tridimensionnels,
érigé conformément aux lois qui régissent l’Imaginaire.

PRÉAMBULE

Une machine qui transforme l’électricité en eau et l’eau en vent, le réchauffement des moteurs d’une machine à coudre volante, un module complexe qui fabrique de l’eau en poudre, un bouquet de fleurs détecteur d’haleine, une machine à brasser l’eau... voilà le fruit de recherches pures dans les mines de l’imaginaire.

La réflexion, le rire, le sourire provoqué par les objets mis en situation cinétique est universel puisqu’il s’adresse directement au regard, à l’observation. Pourquoi ces machines absurdes exercent-elles une telle fascination? Parce qu’il n’y a pas de démarches intellectuelles à faire. Et pourtant,, on observe, on mémorise, on apprend. On comprendra... après!

L’IDÉE

L’idée d’un fief de Pataphysique appliquée est d’appliquer la pataphysi- que d’Alfred Jarry dans une oeuvre lumino-cinétique monumentale absurde, et de proposer des solutions imaginaires aux grands problèmes de nos démocraties en devenir de parodie d’elles-mêmes.

COMMENT

Par l’aménagement d’un vaste espace où, de façon anarchique, sont entre- mêlés des dizaines de robots, machines, humanoïdes désarticulés et réarticulés, lumino-cinétiques, sonores, et interactifs. Alors, pour para- phraser le théâtre de Jarry, le passé se trouve soudain réinventé, et entre en conflit avec un futur d’anticipation réactionnaire.

Pour la forme, (aménagement dans l’espace), de ce fief surréaliste, je compte m’inspirer de mon installation Romantisme Post-Moderne (Musée McCord, 1997-98, voir photo), où machines et robots évoluaient dans un climat douillet, politiquement correct, mais porteur, déjà, de certains germes de rebellion. Pour le fond, l’esprit mystificateur, c’est la double installation Le PTEEM et le Le PTEVM (Premier Transformateur d’Électricité en Eau et d’Eau en Vent au Monde), au Centre des Sciences de Montréal, qui lui tiendra lieu de mode d’articulation de la pensée.

LES MACHINES, ROBOTS, MODULES ARTICULÉS

Les machines proviennent, en partie, de mes installations antérieures. Elles ont subi des transformations majeures et ont connu leur apogée au

Rockefeller Center, à New-York, dans l’animation des vitrines de Tris- tan & America pour le passage à l’an 2000. (le Buggy de l’An 2000, 40 mètres linéaires, 1999-2000). D’autres machines, et non les moindres, ont vu le jour depuis. Je pense à l’INUTILOGÈNE, génératrice d’eau en poudre, la PH2O, exposée à la MC Marie-Uguay (2002) et pour laquelle j’ai reçu un premier prix.

D’autres excentricités, enfin, sont en phase terminale critique de voir le jour et/ou en gestation dans ma tête. Leur point commun, c’est qu’elles sont toutes réalisées sans aucun plan déterminé. Ce sont les associations d’idées que catalyse le rapport hétéroclite des objets entre eux qui en déterminent finalement et la forme et le fonctionnement.

LES OBJETS

Jarry utilisait des mots simples et en faisait des “installations théâ- trales” absurdes, dérangeantes, provocatrices. Je procède exactement de la même façon, mais en remplaçant les mots par les objets. Chaque mot devenant ainsi une nouvelle invention, un néologisme tridimensionnel. Les machins, qui constituent mes machines, sont exclusivement des objets de récupération, des rebuts. Ils ont vécu. Ils me racontent des blagues que je déforme pour en faire des surréalités vivantes.

Le rebut est essentiel dans mes installations. Pour le public, reconnaître un objet qui lui est familier ainsi dénaturé, détourné de sa fonction initiale, méchamment robotisé, provoque la surprise, le rire. Le visiteur cherche à découvrir les trucs du magicien et se laisse séduire par la poésie et l’humour qui se dégage.

P.S.: Le fief de pataphysique appliquée sera enfin ouvert aux étudiants(es) des collèges et universités pour y exposer leurs travaux 3D cinétiques. À suivre...